Je voulais lier le sujet de cette édition au contexte : les fêtes de fin d'année.
Malheureusement, cette entreprise s'est vouée à l'échec.
Je devrais le savoir, chaque fois que j'essaye de surfer sur les vagues, je bois la tasse.
Me voilà donc embarquer vers une autre île : une conversation avec Nadia, une amie freelance multicasquette.
Une conversation ordinaire entre indépendantes
Nous faisons le point sur l'année écoulée.
Notre premier bilan complet en tant qu'indépendantes !
Elle me félicite pour mon changement de posture.
Je la loue pour son courage.
Reprendre des études longues à 40 ans, un an et demi après s'être lancé dans le freelançing, demande du cran.
Je croise souvent des personnes qui se croient condamnées à vivre dans une prison d'Alcatraz.
Ils pensent ne pas avoir le choix.
Je le constate souvent en accompagnement, plus on s'habitue à une situation, plus il est difficile d'évoluer.
Pourtant, difficile ne veut pas dire impossible.
Par contre, il faut être au clair sur un point critique.
Je dois constater que c'est là que le bât blesse.
J'y reviendrais.
La tentation de l'éternel retour
Revenons à ma discussion avec Nadia.
Nous partageons les leçons tirées depuis notre lancement.
A nous deux, nous avons une longue liste d'erreurs et d'échecs.
Nous avons croisé un bon nombre de personnes toxiques.
Plusieurs de nos projets n'ont pas abouti.
La rentabilité de certaines missions laissait clairement à désirer.
Et je ne parle pas des multiples hésitations et revirements qui ont jalonné notre périple.
Pourtant, quand nous regardons dans le rétroviseur, une chose est certaine : nous ne reviendrons pas en arrière.
Enfin, c'est ce que je croyais ...
Nadia me confie qu'on l'a contactée pour lui proposer un CDI.
Un statut cadre, une bonne mutuelle, 2 jours de télétravail, 10 jours de RTT et un salaire bien supérieur à son ancien contrat.
Ironie de l'histoire, un an et demi après s'être lancée dans l'indépendance, elle obtient ce qu'elle n'a jamais réussi à négocier en 15 ans de salariat.
Je lui demande si elle y réfléchit en se maquillant le matin.
Elle semble s'épanouir dans son nouveau statut.
Mais la tentation de l'éternel retour apparaît toujours au moment où vous n'hésitez plus.
Nadia marque une pause et prend son air lourd.
Elle m'interroge : "tu crois que je devrais y aller ?"
Je réponds : "le veux-tu ? Pourras-tu poursuivre ta reprise d'études ?"
Elle se met à rigoler puis conclut :
"Non je n'irais pas, hors de questions.
Aujourd'hui, cette proposition n'entre plus du tout dans mes principes.
C'est fou mais il y a moins d'un an j'aurais probablement accepté.
Pendant 15 ans, j'ai fantasmé sur le statut cadre.
J'ai fantasmé sur un meilleur salaire et les RTT.
Aujourd'hui, tout cela me passe au-dessus.
“ Il y a des choses qu'on ne peut plus faire à cause de celle qu'on est devenue."
Le point critique qui a fait basculer la décision
Maintenant que vous avez lu la position de Nadia quel message en retirez-vous ?
De mon côté, je vous partage la principale leçon que je tire de cette année et demie d'indépendance.
Je vous partage la principale leçon que je tire depuis que je fais de l'accompagnement.
Le point critique quand on entreprend c'est d'accepter de voir notre identité se transformer.
Au fil des mois, nos désirs, nos croyances et nos comportements évoluent.
Nous devons faire des choix.
Ces choix sont douloureux.
La tentation de l'éternel retour est souvent présente :
" Dois-je accepter cette opportunité alors que je m'étais promis de ne plus le faire ?"
" Pour qui je me prends de refuser une telle aubaine ?"
" N'est-ce donc pas ce que je voulais quand je me suis lancé ?"
Dans ces moments-là, une seule question peut vous aider à prendre les bonnes décisions et à évoluer.
Malheureusement, force est de constater que nous nous posons rarement les bonnes questions.
Cette question, je l'ai posée à Maria.
" Qu'est-ce que tu étais prête à sacrifier pour ton indépendance ?"
Sa réponse m'a surprise - non pas tant par le fond mais par sa spontanéité
" Je crois que j'étais prête à TOUT sacrifier : mon confort, ma fierté, mes deux ans d'économies ....
Et je me suis même posé la question de sacrifier mon couple si je n'avais pas eu de soutien.
Je pense que c'est grâce à cet engagement que j'ai tenu et que je tiens.
Si tu n'es prête à aucun sacrifice, tu ne peux pas tenir le coup."
Attention, je ne dis pas qu'il faut être prêt à tout ni qu’il faut tout changer du jour au lendemain.
Cela serait irresponsable et irréaliste.
Votre inconscient n’acceptera jamais un tel effondrement.
Par contre, même si ce discours n'est très sexy sur le plan marketing, il faut être lucide sur ses besoins et prêts à faire des sacrifices.
Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sont pas les sacrifices matériels qui sont les plus difficiles mais bien les sacrifices identitaires.
Donc la seule question que je me pose à l'heure d’établir mon bilan de fin d'année est :
Qu'est-ce que je veux sacrifier pour la suite ? Et vous ?
La réponse vous surprendra peut-être. 😊
🌻 P.S : Moi c’est Ester. J’accompagne des créateurs à prioriser leurs idées et imprimer leur style dans leurs écrits. Tous les détails ici.
🌻 P.S.S. : Une fois par mois, j’écris une newsletter privée où je dis tout ce que je ne peux pas dire sur les réseaux sur les questionnements des créateurs. Je partage aussi deux inspirations et un exercice d’introspection. Rendez-vous ici.