Voilà bientôt 10 ans que j'évolue dans le milieu de l'entrepreneuriat.
Jusqu'à présent, je savais que développer son projet était intense émotionnellement, mais j'étais de l'autre côté de la barrière.
J'arrivais à encaisser les événements avec un certain détachement.
Même si j'étais très investie, ce n'étaient pas mes combats.
Et puis, j'étais protégée par mon statut de salariée.
Depuis que j'ai lancé mon activité, les choses sont extrêmement différentes.
Et c'est vrai, au début, mes émotions me dominaient.
Cela m'énervait. Je me disais "Bordel, 5 ans de yoga et de méditation pour arriver à ça ?!"
Avant de me lancer, je pensais avoir franchi une étape dans l'échelle du zen...
Avec le lancement, j'ai fait l'amère constatation que le chemin est encore long !
Pour ne rien arranger, l'écosystème de l'entrepreneuriat est à côté de la plaque sur les émotions.
Je le sais pour l'avoir vécu de l'intérieur.
Le sujet des émotions est tellement tabou qu'un fondateur sur deux souffre de graves problèmes psychologiques… En silence.
À force de rejeter leurs émotions, elles finissent par les consumer.
Comme je dis souvent lors de mes coachings "tu ne peux pas jouer contre ton camp".
Tôt ou tard, on est contraint de rencontrer ses émotions et de les embrasser.
Qu'on le veuille ou non !
On peut toujours se voiler la face et penser :
- " Je suis entrepreneur.e, je ne dois rien laisser paraître"
- " il faut que je contrôle mes émotions"
- " je dois prendre des décisions rationnelles, être indépendante et tout gérer seule"
Tout cela est tout bonnement impossible. Nos émotions font partie de nous. Nous sommes des êtres émotionnels.
Le nier c'est s'exposer à la souffrance car les émotions ne sont pas mauvaises en soi: il s'agit de simples informations.
Elles nous renseignent sur notre personnalité, nos valeurs et nos envies.
On peut leur dire " vous m'emmerdez là" et mettre un couvercle par-dessus, cela ne dure qu'un temps...
À un moment donné, la cocotte-minute finit par exploser !
Et croyez-moi, plus vous attendez, plus la chute sera violente.
Le problème c'est que nous nous réveillons trop tard : nous attendons la maladie.
Une maladie est souvent la conséquence d'un problème émotionnel non résolu (conscient ou inconscient)
Dans mon cas, j'ai poussé très loin la tentative pour contrôler mes émotions et mon hypersensibilité.
L'anorexie est une méthode très efficace pour ne plus rien ressentir.
Je peux vous assurer qu'une vie sans émotion ne vaut pas la peine d'être vécue.
On pense souvent que le pire dans la dépression c'est la tristesse.
Non.
La pire, c'est l'indifférence : ne plus avoir de désirs, ni d'envie, ni de plaisir.
Ceci étant dit, cela serait une erreur de croire qu'il faut toujours suivre ses émotions.
Les émotions nous trompent.
Elles peuvent nous faire dire et faire des choses que nous regrettons.
Dès lors, comment réguler ses émotions ?
Il n'y a pas de réponses universelles mais je vous livre trois outils qui pourront vous aider :
1. Mettez de la distance
Imaginez que vous êtes un extraterrestre qui observe la terre.
Vous voyez une petite femme ou un petit homme qui se débat face aux obstacles.
Cette personne c'est vous. Que pensez-vous ?
Est-ce que vous pensez : "elle se fait un monde d'un épiphénomène"
Ou est-ce que vous vous dites : " cette personne est d’une lucidité impressionnante "
90% des fois, vous vous direz mais : qu'est-ce qu'elle a à s'agiter comme cela ?
Ne voit-elle pas l'immensité du monde ?
2. Voyagez vers le futur
Projetez-vous dans 5, 10 ou 20 ans.
Est-ce que cet évènement qui vous cause tant de peine aura une importance ?
Est-ce que vous serez fière de votre réaction ?
Est-ce que vous nourrirez un regret ou la dignité ?
Le temps est un puissant désinfectant: il adoucit les peines.
Le fait d'intégrer la temporalité permet de mieux réagir au présent.
3. Identifiez le besoin sous-jacent
Une émotion répond souvent à un besoin sous-jacent.
Toute la difficulté consiste à identifier ce besoin avec justesse.
Seul ce n'est pas impossible, mais extrêmement difficile.
Pour rappel, un besoin, cela peut-être : la sécurité, la reconnaissance, l'affection… (j’y reviendrais dans une prochaine édition)
Par exemple : une personne vous dit que vous l'avez blessée.
Si vous êtes sensible, cela vous affecte forcément.
Vous pouvez penser que vous êtes blessée de l'avoir blessée (évidemment il y a de ça).
Mais dans ce cocktail émotionnel explosif, il n'y a pas que ça.
Il faut distinguer l'émotion de l'autre de vos propres émotions.
Reminder : vous n'êtes pas responsable des émotions des autres !
Aussi, à quel besoin personnel répond cette émotion ?
Êtes-vous blessé(e) car votre besoin de reconnaissance n'est pas satisfait ?
Êtes-vous blessé(e) car votre besoin de nourrir des liens n'est pas satisfait ?
Il y a certainement un besoin non satisfait derrière cette émotion car l'émotion n'est qu'une information.
Pour savoir réguler vos émotions, commencez par accepter de les rencontrer.
Mais ne cherchez jamais à tout analyser (même si cela vous est difficile)🙈
Beaudelaire disait " Les émotions les plus belles sont celles que tu ne sais pas expliquer"
🌻 P.S : Moi c’est Ester. J’accompagne des créateurs à prioriser leurs idées et imprimer leur style dans leurs écrits. Tous les détails ici.
🌻 P.S.S. : Une fois par mois, j’écris une newsletter privée où je dis tout ce que je ne peux pas dire sur les réseaux sur les questionnements des créateurs. Je partage aussi deux inspirations et un exercice d’introspection. Rendez-vous ici.